Pages

19 mars 2013

SEMILLA

Sémillant Semilla ou La revanche des Anglo-Saxons

Dernière adresse de l'équipe de Fish la Boissonnerie et Cosi (l’américain Juan Sanchez un Néo-Zélandais Drew Harré), ce bistrot mixe selon leur habitude, le meilleur des deux traditions avec un accueil chaleureux et souriant (d'où le titre) et la solide technique française. Ainsi qu'un twist d'inventivité hors des carcans de la tradition mais dans un esprit cool et détendu.

C'est donc une recette que l'on commence à reconnaître dans la région. Les anglo-saxons utilisant au mieux leur bonnes habitudes: un cadre accueillant et chaleureux,des horaires larges et une équipe dévouée au service du client côté cour; une brigade jeune et rock (les beaux gosses aux fourneaux) n'ayant pas froid aux yeux côté cuisine.



La caution technique et l’encadrement de cette Band of Brothers est assurée par un général aux étoiles, Eric Trochon, MOF et prof à Ferrandi. Un vétéran en somme. Les produits arrivant frais de supers producteurs et changeant tous les jours, il est sûr que les sans-grades jouent franc du couteau...et de l'économe. La carte est donc comme la météo, très versatile, et quelque peu déstabilisante pour une "Task Force" obligé de créer avec ce qui arrive. La seule certitude provient de la qualité des fournisseurs. Autant avoir de bonnes munitions quand on a l'esprit de challenge et le goût du frais.

La carte en est forcément réduite mais qui s'en plaindrait puisqu'on est pas dans un chinois de quartier ou un restaurant ordinaire, alias un terminal de cuisson de sachets sous-vide. 1 entré, 3 plats au choix (un poisson, une viande, un plat végétarien), une entrecôte pommes de terres et une artillerie de desserts.

On se croirait presque à Londres où le client est un client, c'est-à-dire quelqu'un qu'on écoute, respecte et tente de satisfaire (végétarien ou allergique peu importe). Et non un client qui vient honorer la cuisine d'un chef, "si ça lui plait pas il n'a qu'a aller ailleurs". 

Bref, à peine arriver sans sommation, donc sans réservation, et assez tard (à peu près à la même heure où l'on vous jette chez Pirouette), on vous sourit d'une oreille à l'autre! Installé où on le désire, les serveurs-bonne-humeur-efficaces (français pour le dernier!) vous expliquent tout, vous conseillent et s'occupent du reste. 

J'ai pas de photos de sourires alors la déco

La salle est moderne, décorée de photos de food mais étrangement disposées. Le bar à l'entrée est beau mais cela n'est pas feng shui. De toute façon, on a préféré se rapprocher du front et du feu de l'action. Là ou le spectacle sans artifice se déroule: la cuisine complètement à découvert.
La brigade est sereine, détendue, attentive et concentrée. La proximité est telle que l'on peut discuter avec eux et faire le plein de renseignements. 

Le velouté de rutabaga, joliment accompagné
En terme de dégustation, c'est intéressant et original, goûtu et net, frais et parfumé mais aussi brut voire un même un peu sauvage. Ainsi, le velouté de rutabaga aux graines de cumin et la crème rude sentaient  la campagne alors que le saumon, fumé par leur soin, jouait les citadins. De même, les légumes et le quinoa donnait de la saveur antique à une attention de moderne soucieux, et le porc à la cubaine dansait la salsa enfiévrée avec un air de bal popu servi à même la casserole.

Le porc, mariné des heures aux épices, parfumait la table,
grenailles, betteraves, marmelade de pommes 
Le plat végétarien, quinoa, légumes de chez Bertin et Thiébault,
herbes

Même dualité au dessert, avec un crumble en finesse (poudré plutôt que crunché) alors que la tarte au citron tournait trop vite, au sens culinaire malheureusement. Ce fut une déroute, la crème présentant un goût de métal rédhibitoire. Pas de soutien aérien, un retour à la base sans concession. Je ne saurais dire si c'était mon palais trop parisien ou une erreur en cuisine mais le staff a su réagir avec dignité, signe d'une belle bravoure et d'un vrai code de l'honneur.

Crumble fin aux pommes fondantes,
glace vanille cardamome

La tarte en "question", belle quand même

Le prix de 23€ pour la petite entrée et le plat, vu la qualité des produits et la technique, ne fait pas hésiter pour s'engager. La valse des menus nous incitera à revenir. Et l'envie d’être pleinement satisfait aussi. D'autant que l'accueil et l'envie de bien faire est palpable. Un traité de paix vaut mieux qu'une mauvaise guerre.

Apres avoir amené le nouveau café en France, les Anglo-saxons sont donc les bienvenus chez nous, et au moins pour cent ans d'entente plus que cordiale.


Semilla
54, rue de Seine 75006 Paris
Tél:  01 43 54 34 50
Ouvert 7/7 de 12h30 à 16h et de 19h à 23h (dernière commande), le dimanche de 12h30 à 15h et de 19h à 22h.
Menu déjeuner 23€ (assiette de 3 entrées et un plat), dessert de 8 à 10€, entrecôte 35€

2 commentaires:

  1. J'aime bien tomber sur les tasters quand je tape le nom d'un restau ! Ça fait un peu "la boucle est bouclée" :)
    Bel article, vivement le prochain !
    Raphaële

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup pour les compliments. Le prochain article est prêt et "de saison".
      Nous essayons plus de présenter les adresses, les projets afin que chacun puisse se faire son idée en connaissance de cause. La sélection se fait sur le frais et le fait maison.
      A très bientôt alors!

      Supprimer